Histoire:Située à
l’extérieur des remparts du bourg, l’église du Saint-Sépulcre est fondée vers
1030-1050. Le seigneur de Beaugency Landry III en achève la construction entre
1070 et 1078. Consacrée par l’évêque d’Orléans, l’église, placée sous la
dépendance de la puissante Abbaye de la Trinité de Vendôme, devient prieuré.
La communauté religieuse suit la règle de Saint-Benoît. Des conflits s’élèvent
en 1081 avec la paroisse Saint-Firmin car la construction s’étend sur une
parcelle de terrain lui appartenant.
Le prieuré possède un vaste domaine urbain, constitué grâce aux donations des
seigneurs de Beaugency. Il comprend l’essentiel du quartier inscrit entre la
place du Martroi, la rue Neuve (actuelle Rue du Physicien Jacques Charles),
les rues Porte-Vendômoise et de la Maille-d’Or. Les Bénédictins possèdent un
cloître, ses logis, un cimetière, un verger et des immeubles qui sont mis en
location. De l’autre côté de la rue; un jardin, un colombier attenant aux murs
occidentaux de la ville, sur lesquels allait s’édifier au début du XVIIème
siècle l’hôtellerie de l’Ecu de Bretagne.
Par forme d’hommage au seigneur de Beaugency, et en reconnaissance de sa
qualité de fondateur, le prieur du Saint-Sépulcre doit se présenter chaque
année le jour de Pâques, sous la galerie du château et lui offrir treize
petits pains, treize œufs frits dans l’huile, deux pintes de vin «l’un cléret,
l’autre vermeil». Cette coutume se perpétue jusqu’ à la Révolution. Le XVème
siècle marque le déclin de l’église, le prieuré conventuel devient un prieuré
simple (c’est-à-dire sans communauté religieuse). Le vocable change au XVIème
siècle, l’église devient Saint-Etienne. Le prieuré concède les terrains dont
il n’a plus l’usage.
En
1793, l’église est vendue comme bien national à un marchand de bois d’Orléans
qui s’en sert comme «magasin» de stockage. Au XIXème siècle, le maire, Lorin
de Chaffin, veut racheter l’église afin de la démolir et agrandir la place au
marché aux grains. Pour sauver l’église de la démolition, l’État la classe en
1840 Monument Historique. «L’église Saint-Etienne paraît mériter d’être
conservée, elle est incontestablement très ancienne, sa disposition est
originale et sa destruction serait très regrettable» extrait du rapport de
commission Prosper Mérimée. En 1847, l’État rachète l’édifice qui sert
d’entrepôt pour le blé, le vin, le bois…et de gymnase. L’état entreprend des
travaux de conservation: reprise des couvertures en 1854, travaux de
l’architecte Juste Lisch en 1881, réparation de la toiture 1905 et 1946…
L’absence d’une véritable affectation de l’édifice empêche la réalisation d’un
projet global et ambitieux d’intervention.Le monument est fermé au public en
1983 en raison de risques d’effondrement. En 1992, la ville se porte acquéreur
pour le franc symbolique du monument. Le chantier de restauration et la
campagne de fouilles s’engagent en 1993.
Les
travaux consistent à consolider l’édifice qui retrouve ses proportions
originelles.Depuis 1999, l’église Saint-Etienne a désormais vocation de centre
culturel. Elle accueille des expositions d’art contemporain.
Ce
que l'on peut voir:
L’église actuelle a connu peu
de modifications malgré la surélévation des murs au XVIIIème siècle. Elle est
constituée d’une nef unique de trois travées, voûtée en berceau plein cintre,
rythmée par des pilastres rectangulaires. Le chœur se termine par une abside
en demi-cercle, voûtée en cul-de-four. Le transept est complété de chaque côté
par une absidiole. L’édifice est construit en moellons et petit appareil. La
pierre de taille est réservée à l’entourage des fenêtres romanes, aux arcs
doubleaux de la nef et aux pilastres. Dans le chœur, se trouvent deux fenêtres
en arc brisé de style gothique. Le clocher semble avoir été surélevé au XIIème
siècle ainsi que la charpente (XVIème siècle ?). Le décor intérieur est
inexistant. La porte d’entrée actuelle est postérieure à la construction de
l’édifice. Avant, l’entrée se faisait par le croisillon Nord qui devait
certainement communiquer avec les bâtiments conventuels.Les vitraux sont
l’œuvre de Jean-Dominique Fleury, restaurateur de vitraux anciens et
plasticien contemporain. L’artiste utilise comme fil conducteur de son travail
la forme géométrique, structure formelle et chromatique permettant la
diffusion de la lumière.