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L’histoire de l’Abbaye Notre-Dame est
intimement liée à celle des sires de Beaugency. Elle est édifiée au cœur de la
forteresse médiévale.Vers 580, Simon Ier établit à Beaugency un collège de
chanoines réguliers. D’après l’historien Jacques Nicolas Pellieux, il
s’agissait d’une simple chapelle à l’origine.Au temps de Landry III et de
l’évêque d’Orléans, Oudri, une première église est construite vers 1030, dont
il ne reste aujourd’hui aucun vestige.L’édification de l’abbatiale actuelle en
pierre calcaire de Beauce, est entreprise au tout début du XIIème siècle
lorsque, sous l’autorité d’Yves de Chartres, le seigneur Raoul Ier restitue
aux chanoines réguliers de Saint-Augustin tous les biens que ses prédécesseurs
avaient usurpés. L’extension du monastère se poursuit jusqu’en 1336, date de
la construction de la tour Sainte-Anne (Sud).
En 1103, le roi Philippe Ier comparaît devant le concile de Beaugency pour
lever son excommunication. Philippe Ier avait répudié sa femme légitime Berthe
de Hollande pour vivre avec Bertrade, comtesse d’Anjou. En 1152, le deuxième
concile déclare nul le mariage du roi de France Louis VII avec Aliénor
d’Aquitaine pour consanguinité. Elle épouse le futur roi d’Angleterre Henri
Plantagenêt. Les enfants et les petits-enfants de ces deux personnages royaux
se disputent la terre de France pendant la Guerre de Cent Ans.
En 1568, au moment des Guerres de Religion, les couvertures de l’église, du
clocher et l’ensemble des bâtiments conventuels sont brûlés par les incendies
des Protestants. Les religieux ne pouvant plus occuper leur logis dévasté,
habitent au château et célèbrent la messe dans la chapelle Saint-Georges avant
de s’installer en 1586 dans la maison de la Pytherie. Le chapitre réformé en
1642 par le Père Faure appartient à la Congrégation de France. Les Génovéfains
commencent à reconstruire le monastère jusqu’à la seconde moitié du XVIIIème
siècle.A la Révolution, les bâtiments sont nationalisés et l’église devient
paroissiale suite à la destruction des autres églises de Beaugency. La rue de
l’Abbaye est tracée.Au XIXème, l’intérieur de l’édifice est restauré et
l’église Notre-Dame est classée Monument Historique (1850). La chapelle
Sainte-Anne est construite en 1875 par l’architecte départemental Dusserre.En
1940, le bas côté Sud est totalement détruit à la suite des bombardements de
l’aviation italienne, ainsi que de nombreux vitraux. La restauration est
engagée après la Seconde Guerre Mondiale.
Ce
que l'on peut voir:
L’église: L’église conserve, malgré les
reconstructions modernes, nombre de caractères de l’architecture romane
locale : plan général sans saillie du transept, chevet à déambulatoire
ouvrant sur trois chapelles rayonnantes, arcs en plein-cintre abondamment
utilisés dans l’abside et chapiteaux décoratifs. La nef s’impose par ses
colonnes cylindriques puissantes supportant cinq travées. L’actuelle voûte
en bois de style gothique de la nef surbaissée par rapport à la voûte
originelle, date des années 1663-1665. La façade extérieure, simple, est
percée de deux portails du plus pur roman, sobrement décorés à l’image des
modillons du chevet. La tour carrée Sainte-Anne, qui flanque l’angle Sud
date du XIVème siècle. La chapelle Sainte-Anne du XIXème se situe au
Nord-Ouest.
Le mobilier religieux: Le grand orgue se
compose d’un buffet réalisé par Sieur Renard, artisan à Beaugency et de 35
jeux de JB.Stolz daté de 1862. Le soubassement est un retable signé de
Goyers de Bruxelles. L’orgue de chœur est un cadeau de l’abbé Piau (11 jeux
de Stotlz fils, 1885).
L’Abbaye: Le bâtiment conventuel du
XVIIIème siècle (aile sud et aile est) sert aujourd’hui en partie d’Hôtel
Restaurant. L’escalier principal du XVIIème siècle a été conservé.
Légende ou histoire? De nombreux
auteurs attribuent la création de l’Abbaye à Simon Ier, originaire de
Picardie, seigneur de Beaugency. Simon, malade de la lèpre, guérit
miraculeusement grâce à ses prières dédiées à Saint-Firmin. Il se reconnait
redevable de servitudes envers le chapitre d’Amiens. «Il se fit vassal et
homme lige, lui et tous ses successeurs de Saint-Firmin, en l’église
d’Amiens, en s’obligeant d’y faire présenter à perpétuité au jour de sa fête
un cierge». Il donne à cette église quantité de revenus. De là vient
également l’obligation de donner le jour de la Découverte de Saint-Firmin,
une maille de Florence, aux étudiants de la Nation Picarde de l’Université
d’Orléans. La rue de la Maille d’Or de Beaugency nous rappelle cet
évènement.Voulant donner un signe matériel de sa reconnaissance au Saint, il
aurait fait élever l’église de l’Abbaye de Beaugency sous le vocable de
Notre-Dame, Saint-Firmin, Saint-Fuscien, Saint-Gentien et Saint-Victoric car
Simon Ier avait prié leurs reliques à Amiens. Pellieux souligne qu’à cette
époque l’église était vraisemblablement une chapelle «à l’usage de château
dans l’enceinte duquel elle était enfermée».